Visite de l’exposition
par Monsieur Alexandre Fiette,
commissaire de l’exposition
Samedi 14 octobre 2017
à 10 h. 30
Maison Tavel
6, rue du Puits-Saint-Pierre
Souhaitant rappeler par un monument ce qu’elle doit à la Réforme, Genève lance en 1908 un concours international. Parmi les nombreux projets, celui des architectes Laverrière, Monod, Taillens et Dubois fait l’unanimité. Sa sculpture, proposée originellement par Reymond, est finalement confiée à Bouchard et Landowski et compose une étonnante page d’histoire du calvinisme. Plus de 125 pièces rassemblées à la Maison Tavel retracent dans cette exposition la genèse et la construction du monument international de la Réformation, plus communément appelé « Mur des Réformateurs ». Projets refusés, sculptures recommencées, images détournées, mais aussi plans et vues artistiques ou techniques rendent compte de l’histoire d’une œuvre dont la notoriété n’est plus à démontrer depuis son achèvement en 1917.
Formé au tissage de la tapisserie aux manufactures des Gobelins, après un baccalauréat option histoire de l’art et dessin, Alexandre Fiette s’initie à la conservation des textiles à l’Institut de restauration des œuvres d’art à Paris (aujourd’hui INP) et travaille au sein de différentes collections textiles européennes, Fondation Abegg, Hampton court, V&A, National Museums of Scotland, musée des Tissus de Lyon pour rejoindre les Musées d’art et d’histoire en 1996. En charge de l’atelier de restauration des textiles, puis de nombreux commissariats d’exposition, il intègre l’équipe de conservateurs. Ayant abordé divers aspects du domaine des arts appliqués, il devient en 2012 responsable de la Maison Tavel, musée d’histoire quotidienne et urbaine de la Ville de Genève.
par Mesdames Gaël Bonzon et Gabriella Lini,
historiennes de l’art
Jeudi 28 septembre 2017
18 h. 30
Archives d’État de Genève, Ancien Arsenal
1, rue de l’Hôtel-de-Ville
entrée libre
Les travaux de rénovation urbaine des années 1970-1980 effectués dans le cœur historique de Genève ont soulevé la question de la sauvegarde des revêtements des maçonneries anciennes, un héritage artistique et culturel encore trop souvent négligé. C’est précisément au cours de cette décennie qu’un panneau de papier peint estampillé de la Manufacture royale Réveillon est fortuitement découvert lors de la réfection d’un immeuble des Rues-Basses. Dérobé à la vue deux siècles durant et protégé des outrages de l’air par un agencement de boiseries, ce vestige de décor mural – désormais conservé au Musée d’art et d’histoire – fournit de précieuses informations. Témoin du goût qui a présidé à l’aménagement de la pièce qu’il ornait, il révèle l’appartenance sociale de ses occupants et, plus largement, des habitants du quartier alentour. Il rend compte, par ailleurs, du contexte artistique et idéologique qui a inspiré, au cours de ce dernier quart du XVIIIè siècle, son ornementation aux motifs pleins de fraîcheur.
Gaël Bonzon est titulaire d’un master ès Lettres de l’Université de Genève. Elle travaille depuis 2001 au Musée d’art et d’histoire, en tant que collaboratrice scientifique au sein du domaine des arts appliqués, où elle est notamment en charge des collections de mobilier, textiles, instruments de musique et orfèvrerie. Elle a participé à plus d’une vingtaine d’expositions et est l’auteur d’articles portant sur des domaines divers.
Gabriella Lini est titulaire d’un doctorat ès Lettre en « Art et archéologie de l’Antiquité tardive et du Moyen Âge » de l’Université de Genève et du Pontificio Istituto di Archeologia Cristiana de Rome. Depuis 2009, elle occupe un poste de collaboratrice scientifique au Musée d’art et d’histoire de Genève dans le secteur Inventaire et documentation scientifique, où elle est responsable du logiciel de gestion des collections. Parallèlement, elle a activement participé à l’étude et à la mise en valeur des collections byzantines, ainsi qu’à celle d’autres objets du domaine des arts appliqués.
© Musées d’art et d’histoire, Ville de Genève,
Photo : Bettina Jacot-Descombes
par Manuela Canabal
Avec ses presque cinquante ans d’existence, La Placette – rebaptisée Manor en 2001 – fait partie intégrante de la vie socio-économique du paysage architectural genevois. Aujourd’hui véritable institution au sein du faubourg de Saint-Gervais, sa construction a toutefois suscité de tels remous que son existence a semblé compromise à de nombreuses reprises au fil des neuf ans nécessaires à l’aboutissement du projet.
Celui-ci exigeait en effet la destruction de onze immeubles d’habitation alors qu’une grave crise du logement sévissait à Genève. Le projet a donc rencontré une vive contestation auprès des locataires – d’autant plus que ces bâtisses abritaient une population des plus modestes qui peinait à se reloger ailleurs – ainsi que des petits commerçants dont les arcades étaient également menacées. Progressivement, l’ensemble du quartier – voire de la Ville – en est venu à se mobiliser grâce au soutien actif du parti du Travail et aux nombreux articles que la presse locale a consacrés à l’affaire.
L’élite intellectuelle genevoise a elle aussi pris parti contre l’édification de La Placette, visiblement sans succès, et c’est avec une certaine amertume qu’elle a dû se résoudre à voir démolie la maison où vécut pendant quatre ans Jean-Jacques Rousseau. C’est pourtant au numéro 28 de la rue de Coutance que le philosophe s’est éveillé au civisme ; le souvenir en est encore conservé aujourd’hui sur la façade du grand magasin : Mon père, en m’embrassant, fut saisi d’un tressaillement que je crois sentir et partager encore : Jean- Jacques, me disait-il, aime ton pays.
Malgré de nombreux contrecoups et une bataille politico-juridique acharnée, La Placette a finalement vu le jour avec le succès que l’on sait et a permis à un quartier périclitant de renouer avec la prospérité.
Entretien avec l’auteur et pour commander cet ouvrage, vous pouvez vous adresser aux Editions Droz. ou aux Archives d’Etat de Genève.
M. Marc-André Haldimann
Jeudi 15 juin 2017
Archives d’État
Héritière d’une tradition qui se développe depuis l’Antiquité elle-même, la collection d’objets d’exception se développe dès le XVIe siècle. Du Cabinet de curiosités des princes et monarques européens des XVIIe – XVIIIe siècles à l’invention contemporaine de l’archéologie et, au XIXe siècle, des Musées, les collections d’objets archéologiques ont acquis leur lettres de noblesse. Depuis la 2e Guerre Mondiale, l’importance accordée à la provenance des objets a complètement disparu, victime collatérale de ce conflit sans précédent. La prise de conscience progressive de l’ampleur des pillages sur les sites archéologiques conduit depuis 1970 à la mise en place de législations renforcées. Face à l’ampleur des destructions et des déprédations du Patrimoine dans toutes les zones de conflit, leur efficacité interpelle; vers quel avenir en matière de protection du Patrimoine nous dirigeons nous ?
Visite par
M. le professeur Christian Grosse et al.
Jeudi 18 mai 2017
Archives d’État
18 h.30
Dans le contexte du 500e anniversaire de la Réforme luthérienne (1517), les Archives d’État de Genève, en collaboration avec des historiens de l’Université de Genève et de l’Université de Lausanne, ont mis sur pied une exposition qui présente l’impact de cet événement sur la vie des Genevois ordinaires. Il s’agit à la fois de montrer comment les Genevois se sont impliqués dans le processus de réforme et de mettre en évidence la manière dont la conversion religieuse de la ville a affecté leur culture. Les archives se font en effet l’écho de l’activisme, des résistances ou de l’adaptation des différents milieux – hommes, femmes, comme enfants – et soulignent les changements réels – ou mythifiés – qu’impose la pratique du nouveau culte. L’exposition aborde cette thématique en trois temps. Une première période (1517-1555) retrace l’introduction de la Réforme à Genève. Les prêches de Guillaume Farel nourrissent l’effervescence religieuse qui s’exprime parfois par l’iconoclasme. La deuxième période (1555-1575) décrit la Réforme vécue « au quotidien ». La population s’adapte aux nouvelles liturgies, côtoie les élèves de l’Académie, accueille l’afflux des réfugiés et subit les contraintes disciplinaires. Finalement la troisième période (1575-1617) voit s’apaiser les esprits et la discipline s’assouplir. Les Genevois trouvent peu à peu un nouvel équilibre et l’année 1617 offre l’occasion de célébrer les cents ans de la Réforme. Les Archives d’État de Genève conservent, restaurent et numérisent les documents sur lesquels travaille l’historien. La présentation d’un projet de numérisation et de restauration des archives de l’Église protestante complète cette exposition et met en évidence le travail de l’historien en lien avec l’archive.
Christian Grosse est professeur en histoire et anthropologie des christianismes modernes et docteur ès lettres. Sa thèse de doctorat s’intitule » les rituels de la Cène. Une anthropologie historique du culte eucharistique réformé à Genève (XVIe-XVIIe siècles) ». Ses domaines de recherche sont l’anthropologie historique des cultures religieuses dans l’Europe de la première modernité, l’histoire des modes de régulation sociale dans l’Europe de la première modernité et l’histoire de l’histoire des religions. Il est actuellement professeur ordinaire de l’Université de Lausanne, au sein de la Faculté de théologie et de sciences des religions.