De l’utilité et des périls des prétendus mythes de l’histoire suisse

De l’utilité et des périls des prétendus mythes de l’histoire suisse

Conférence de

M. Olivier Meuwly, historien

 

Jeudi 23 mars 2017
Archives d’État
18 h.30

 

L’histoire et la politique ont toujours eu un destin lié et que la première fût souvent instrumentalisée par la seconde n’a rien d’étonnant. Dès lors, il est inévitable que le récit historique soit parasité par des mythes, répondant aux besoins politiques de ceux qui l’exploitent. Le problème réside dans la manière de pouvoir les comprendre dans leur contexte. Sont-ils forcément néfastes? Peuvent-ils au contraire se révéler féconds? Il est d’autant plus important, aujourd’hui, de pouvoir donner aux citoyens les armes qui leur permettent de pouvoir s’approprier l’histoire de la Suisse au-delà des utilisations dont elle peut être l’objet.

Olivier Meuwly est docteur en droit et ès lettres de l’Université de Lausanne. Ancien chargé de cours à l’Université de Genève, il travaille dans l’administration vaudoise et est chroniqueur au quotidien Le Temps. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et l’organisateur de plusieurs colloques portant sur l’histoire suisse, l’histoire des partis politiques et l’histoire des idées. Il a notamment publié une biographie du Conseiller fédéral Louis Ruchonnet (1824-1893). Il est également directeur de la série « Histoire » auprès de la collection Le savoir suisse, dont il a signé plusieurs ouvrages, à l’exemple de celui intitulé Les partis politiques : acteurs de l’histoire suisse, qui a paru en 2010.

 

 

 

 

Les indienneurs dans le paysage genevois du XVIIIe siècle

Les indienneurs dans le paysage genevois du XVIIIe siècle

Au miroir d’une recherche en cours :
réussites et échecs de quelques grands et petits fabricants

Conférence de Mme la professeure Liliane Mottu-Weber

Jeudi 27 avril 2017
Archives d’État
18 h.30

Les travaux consacrés à l’industrie des « toiles peintes » (toiles de coton imprimées) fabriquées à Genève au XVIIIe siècle ont déjà amplement montré l’importance de cette nouvelle production textile, qui y prit opportunément le relais de la soierie et de la draperie de laine en plein déclin à la fin du XVIIe siècle. Comme cela avait été le cas lors du Refuge du XVIe siècle pour ces deux secteurs, la diversité de la main-d’œuvre qui lui était nécessaire favorisa l’intégration des nombreux exilés français qui s’établirent dans la cité à la suite de la révocation de l’Édit de Nantes. Une utilisation plus systématique de fonds d’archives genevois peu sollicités jusqu’ici (archives notariales et judiciaires, cadastres, recensements et état-civil…), ainsi que des recherches menées à l’étranger sur des centres de production en France, en Allemagne, en Angleterre ou en Espagne apportent toutefois des informations inédites sur l’origine, les conditions de vie, les conflits, les réseaux familiaux et professionnels des fabricants d’indiennes et de leurs ouvriers.

Liliane Mottu-Weber, licenciée et docteure en histoire économique et sociale de l’Université de Genève, a été chargée de cours, puis professeure titulaire au département d’histoire générale de la Faculté des Lettres de 1984 à 2004 – plus particulièrement chargée de l’histoire de Genève au sein de l’unité d’histoire nationale. Professeure invitée à l’Institut d’histoire de l’Université de Neuchâtel en 2003, elle a également été chargée durant plusieurs années du pôle « histoire des femmes/genres » du Diplôme d’études approfondies interfacultaire (Genève et Lausanne) et interdisciplinaire en « Études Genre ». Après des études complémentaires à Paris et à New-York, elle a rédigé sa thèse sur le Refuge protestant du XVIe siècle et l’impact de ce dernier sur l’économie genevoise (industrie textile).

Depuis lors, elle a étendu ses recherches à l’économie, aux structures sociales et aux problèmes d’intégration des étrangers et de leurs descendants à Genève du XVIe au XIXe siècle ; aux réseaux familiaux, sociaux, politiques et intellectuels à Genève aux XVIIIe et XIXe siècles ; aux migrations d’artisans en Europe, aux techniques et aux inventions (horlogerie et textile anciens) ; à la vie quotidienne, aux coutumes, aux rites et interdits liés aux étapes de la vie et, enfin, à l’histoire des femmes ou des « genres » (gender-history).

Châteaux forts et chevaliers,  Genève et la Savoie au XIVe siècle

Châteaux forts et chevaliers, Genève et la Savoie au XIVe siècle

Visite de l’exposition

par Madame Sylvie Aballéa, commissaire de l’exposition,
et
Monsieur Matthieu de la Corbière, historien

 

Samedi 4 février 2017
Musée d’art et d’histoire
à 11 heures

L’exposition permet de comprendre l’empreinte de la chevalerie sur la société courtoise du XIVe siècle, période souvent oubliée des études sur Genève et la Savoie médiévale. L’idée de cette exposition est née d’une opportunité qui ne se représentera plus avant longtemps : le prêt d’un cycle peint, provenant du château de Cruet, par le musée Savoisien à Chambéry, fermé pour rénovation. Illustrant les aventures d’un vassal de Charlemagne, le décor du château de Cruet, qui constitue la pièce maîtresse de la présentation, est l’un des plus importants cycles de peintures médiévales de Savoie. Reflet de la littérature de son temps, il illustre parfaitement l’idéal de la chevalerie, qui apparaît dans l’art à la fin du XIIIe siècle. Réalisé vers 1300, il est ainsi l’un des premiers exemples de peinture murale profane conservés dans le vaste territoire dominé principalement par les comtes de Genève, les comtes de Savoie et les dauphins de Viennois, qui s’étend, au pied des Alpes, du lac de Neuchâtel à la vallée de l’Isère. Cet ensemble exceptionnel est mis en relation avec nombre d’œuvres rares, datant de la même période et provenant de cette région, qui reprennent les mêmes thèmes : les chevaliers, leurs équipements militaires, leurs loisirs, leurs passions et leurs châteaux. La visite de l’exposition, commentée conjointement par la commissaire et Matthieu de la Corbière, se concentrera sur la chevalerie, dans toute sa réalité ou telle quelle est représentée dans les arts, leurs loisirs et les châteaux forts.

Sylvie Aballéa, docteure ès lettres en histoire de l’art médiéval à l’Université de Genève, est assistante conservatrice au Musée d’art et d’histoire (collections médiévales). Commissaire de l’exposition Ferveurs médiévales. Représentation des saints dans les Alpes, qui a été présentée à la Maison Tavel en 2013 et a abordé la question religieuse, elle met en lumière avec cette nouvelle présentation la chevalerie et le monde profane dans notre région.

Matthieu de la Corbière, docteur en histoire, est un spécialiste de l’histoire du diocèse de Genève, de l’architecture fortifiée dans les anciens Etats de la Maison de Savoie et du patrimoine médiéval genevois.

Le retour des ténèbres, L’imaginaire gothique depuis Frankenstein

Le retour des ténèbres, L’imaginaire gothique depuis Frankenstein

 

 

Visite de l’exposition

Par Mme Justine Moeckli, commissaire de l’exposition

 Le samedi 21 janvier 2017
Musée Rath,
11h00

    Une créature monstrueuse faite de main d’homme, un vampire aristocrate et des ténèbres qui engloutissent la terre. Les trois récits imaginés à Cologny durant l’été 1816 par Mary Shelley (1797-1851), John Polidori (1795-1821) et Lord Byron (1788-1824) trouvent leur inspiration dans la littérature de terreur née en Grande-Bretagne dans les conditions météorologiques apocalyptiques de cette année-là et conçue dans la seconde moitié du XVIIIe siècle . Les hideuses progénitures de Mary Shelley et John Polidori en particulier marquent le début d’un gothique moderne et vont avoir une nombreuse descendance. L’exposition, grâce à un riche ensemble d’œuvres allant du XVIIIe au XXI siècles, propose un regard sur ce genre littéraire et artistique qui met en lumière la part d’ombre de l’humanité.

Justine Moeckli a étudié l’histoire de l’art et la muséologie à l’Université de Genève et à l’Institute of Fine Arts de la New York University. Depuis 2009, elle est assistante conservatrice au Musée d’art et d’histoire de Genève, où elle a la charge de la collection d’art contemporain. En 2013, elle a été la commissaire des expositions Denis Savary : Les Mannequins de Corot et M Sélection: La collection du Musée Migros d’art contemporain, et en 2016 celle de Dead Line : Mosset, Barré, Tinguely et du Retour des ténèbres. L’imaginaire gothique depuis Frankenstein. Elle est l’auteure d’articles sur des sujets divers, tels que la photographie au XIXe siècle, la résurgence du minimalisme dans l’art des années 2000 ou l’interdisciplinarité dans les expositions temporaires.

 

John Martin, The Last Man, 1833

©Colin Davison
www.rosellastudios.com

 

Résonances, ou les périples d’une cloche japonaise

Résonances, ou les périples d’une cloche japonaise

 

Conférence par Monsieur Philippe Neeser

Jeudi 1er décembre 2016 à 18 heures 30
Archives d’État de Genève, Ancien Arsenal
1, rue de l’Hôtel-de-Ville

Au printemps 1873, Gustave Revilliod s’entiche d’une belle cloche de bronze asiatique, rencontrée dans la cour de la fonderie Rüetschi à Aarau, et l’acquiert. Par cet acte, il la sauve de la destruction et d’une ultime transformation en canon. Il la fait transporter à son musée Ariana de Genève et, sans le savoir, déclenche une succession de causes à effets dont les conséquences perdurent à ce jour.

Philippe Neeser propose à son auditoire d’accompagner le parcours exceptionnel de cette cloche japonaise durant trois siècles et demi entre Kyôto, Edo, Shinagawa et Genève.

Après des études de droit à l’Université de Genève, Philippe Neeser a bénéficié d’une bourse du Gouvernement japonais au début des années 1970. Il est entré ensuite au service d’une multinationale pharmaceutique et chimique suisse au Japon, où il a fait toute sa carrière. Immergé dans le monde des affaires, Philippe Neeser a aussi épousé les traditions nippones et consacré l’essentiel de son temps libre à l’étude et à la pratique de l’art de la cérémonie du thé selon la tradition Urasenke. Il est à ce jour le seul non Japonais à avoir eu l’honneur de servir le thé au Grand Bouddha du Tôdai-ji de Nara. Revenu à Genève en 2008, Philippe Neeser a été honoré par le Gouvernement japonais de l’Ordre du Soleil Levant, au rang de commandeur. En 2012, il a confié l’essentiel de sa collection d’objets de thé aux Collections Baur, Musée d’Extrême-Orient.

© photo, Centre d’Iconographie Genevoise