L’ancien abri anti-aérien de la Treille (1940)

L’ancien abri anti-aérien de la Treille (1940)

L’ancien abri anti-aérien de la Treille (1940)

du Service de la défense aérienne passive

Une visite conduite par

Monsieur Bénédict Frommel,
historien au Service de l’inventaire des monuments d’art et d’histoire

Jeudi 24 février 2022 à 18 h,

Genève, Vieille-Ville
14, rue de l’Hôtel-de-Ville, devant l’entrée de l’immeuble

L’ancien « Poste de commandement et central d’alarme du Service de la défense aérienne passive », dit aussi abri de la Petite-Treille, a été construit en 1939-1940 par l’ingénieur Édouard Lacroix, sous la terrasse de l’immeuble n°14, rue de l’Hôtel-de-Ville. Il s’agit d’un abri-tunnel de deux niveaux, relié à une très ancienne cave réaménagée et renforcée. L’ouvrage était destiné à accueillir l’état-major et le personnel en charge du déclenchement des alertes en cas de menace aérienne, de la répartition dans le canton des effectifs de la défense passive, de la protection et du secours de la population. Il abritait cent seize personnes et comprenait une salle de réunion, un poste de commandement, un central téléphonique et des locaux techniques pour la purification de l’air, la décontamination et l’alimentation électrique des lieux. Mis en service en avril 1940, le Poste de commandement et central d’alarme de la Petite-Treille veilla sur la sécurité de Genève tout au long de la Seconde Guerre mondiale. Il déclencha ainsi une trentaine d’alertes chaque année au cours du conflit et même jusqu’à cent vingt-huit en 1944. L’abri a conservé son usage jusqu’aux années 1960 et dépend encore aujourd’hui de l’Office cantonal de la protection de la population et des affaires militaires. Bien que désaffecté depuis cinquante ans, l’ouvrage a conservé la quasi-totalité de ses aménagements, équipements et mobiliers d’origine. Il constitue par conséquent un témoin unique et précieux de la vie des Genevois au cours de la Seconde Guerre mondiale. Cet abri a été classé par arrêté du Conseil d’État du 29 octobre 2020.

Bénédict Frommel est historien au Service de l’inventaire des monuments d’art et d’histoire (Office du patrimoine et des sites) de l’État de Genève. Il est l’auteur de plusieurs études, expositions et publications sur le patrimoine industriel, hydraulique et rural local. Il a par ailleurs collaboré à la rédaction des quatre premiers volumes genevois de la série des Monuments d’art et d’histoire, publiée par la Société d’histoire de l’art en Suisse.

En raison de la situation sanitaire, prière de vous inscrire par mail à info@shag-geneve.ch ou par téléphone aux Archives d’État de Genève (022 327 93 20). Conformément aux mesures sanitaires, le port du masque est obligatoire durant la conférence et le pass sanitaire est requis (mesures cantonales; recommandations de la Ville de Genève).

Droits d’auteur sur l’image: Direction du patrimoine et des sites et Matthias Thomann.

 

 

Historiennes genevoises: quel engagement?

Historiennes genevoises: quel engagement?

Historiennes genevoises: quel engagement?

Une conférence présentée par

Madame Barbara Roth-Lochner,
historienne et archiviste

Jeudi 20 janvier 2022 à 18 h 30,

Archives d’État de Genève, Ancien Arsenal,
1, rue de l’Hôtel-de-Ville

En automne 2020, la Société genevoise des écrivains a mené une réflexion sur l’engagement des écrivaines et écrivains, et plus largement des intellectuels genevois. C’est dans ce cadre qu’a été posée la question de l’engagement des historiennes genevoises. Au début du XXe siècle, le simple fait de se livrer à la recherche historique et de rédiger des articles et des livres, dans un contexte très masculin, nécessite déjà un fort engagement. On peut ici mettre en avant la figure de Marguerite Cramer ou Frick-Cramer (1887-1963), qui se détourna, il est vrai, assez vite de l’histoire pour se consacrer au CICR. Alors qu’elles assistaient volontiers aux réunions de la Société d’histoire, les femmes ne furent admises comme membres à part entière qu’à partir de 1914. Si l’on en croit les procès-verbaux, la première conférence donnée par une femme date de 1930. Christiane Dunant devient, en 1963, la première présidente de la SHAG. Dans la seconde moitié du XXe siècle, les historiennes sont plus nombreuses. Dès lors, cet exposé se penchera sur celles qui ont fait preuve, à côté de leur carrière de chercheuse, d’un engagement pour une cause, telle que le féminisme, la défense du patrimoine, la politique…

Historienne de formation, Barbara Roth-Lochner a été archiviste d’État adjointe aux Archives d’État de Genève, puis conservatrice des manuscrits et des archives privées à la Bibliothèque de Genève. Elle est l’auteure de publications sur l’archivistique et sur l’histoire genevoise, principalement de l’Ancien Régime.

 

 

En raison de la situation sanitaire, prière de vous inscrire par mail à info@shag-geneve.ch ou par téléphone aux Archives d’État de Genève (022 327 93 20). Conformément aux mesures sanitaires, le port du masque est obligatoire durant la conférence et le pass sanitaire est requis (mesures cantonales; recommandations de la Ville de Genève).

 

 

 Marguerite Frick-Cramer vers 1942, Wikimedia commons et archives du CICR.

L’orgue de cinéma (1937) du Collège Claparède

L’orgue de cinéma (1937) du Collège Claparède

par Monsieur Vincent Thévenaz,
professeur d’orgue et d’improvisation à la
Haute École de Musique de Genève,
organiste titulaire et carillonneur de la Cathédrale Saint-Pierre

Samedi 20 novembre 2021 à 10 h 30,

Aula du Collège Claparède,
61, chemin de Fossard – 1231 Conches

Le Collège Claparède conserve un instrument de musique d’une valeur patrimoniale exceptionnelle. Cet orgue a été construit aux États-Unis en 1937 par la Wurlitzer-Compagny pour le cinéma Granada de Clapham Junction, dans la banlieue de Londres. L’instrument accompagne alors la projection des films muets, offrant aux spectateurs une gamme variée de plaisirs sonores et visuels : percussions, tuba, saxophone, hautbois, flûte, effets spéciaux, piano-fantôme, etc. La transformation en 1979 de la salle de spectacle londonienne entraîne cependant la mise aux enchères de l’orgue. Celui-ci retient alors l’attention d’un Genevois passionné qui convainc l’État de Genève de l’acquérir et d’en doter un collège du canton dispensant la maturité artistique. Après démontage, transport par camion, restauration, remontage, réharmonisation, l’instrument est inauguré dans l’aula du Collège Claparède le 6 mai 1982. Depuis 2012, l’Association des amis de l’orgue de cinéma du Collège Claparède (AAOCCC) veille à la conservation et à la valorisation de cet orgue rarissime. Elle promeut ainsi une restauration complète et soignée de l’instrument, qui n’a pas encore révélé toute l’ampleur de ses talents. Elle a en outre créé en 2014 le festival « L’orgue fait son cinéma ».

La visite comprendra des explications autour de l’orgue de cinéma en général et de cet instrument en particulier, la diffusion d’un court-métrage muet accompagné par l’orgue et finalement une visite de l’intérieur de l’instrument.

Vincent Thévenaz est professeur d’orgue et d’improvisation à la Haute École de Musique de Genève, organiste titulaire et carillonneur de la Cathédrale Saint-Pierre de Genève. Il est aussi un spécialiste reconnu de l’harmonium et pratique le carillon, l’orgue de cinéma et d’autres instruments à clavier. Il a fondé en 2005 l’Orchestre Buissonnier, ensemble de jeunes musiciens qu’il dirige régulièrement. M. Vincent Thévenaz est également président de l’Association des amis de l’orgue de cinéma du Collège Claparède.

Barton organ, Wikimedia commons, CC BY 4.0.

Hippolyte-Jean Gosse et la Salle des Armures

Hippolyte-Jean Gosse et la Salle des Armures

par Madame Corinne Borel
historienne de l’art

Jeudi 21 octobre 2021 à 18 h. 30,

Archives d’État de Genève,
1, rue de l’Hôtel-de-Ville


« Admirable dilettante » aux multiples activités et aux intérêts éclectiques, Hippolyte-Jean Gosse (1834-1901) est l’une des figures marquantes de la Genève de la seconde moitié du XIXe siècle. Parallèlement à sa carrière de médecin, de professeur et de magistrat, et en marge de nombreuses autres occupations, ce travailleur acharné passionné d’archéologie dirige les différentes collections archéologiques et historiques de la Ville et de l’État.

Si l’archéologie, en particulier préhistorique, demeure son domaine de prédilection, il exerce également, de 1870 à sa mort, la fonction de conservateur de la Salle des Armures, devenue Musée historique genevois à la suite de la cession de la collection des « anciennes armures » à la Ville. « Après une ère de dilapidation les armes anciennes de l’Arsenal ont trouvé un protecteur en la personne de M. le Dr Gosse, qui en a fait le Musée aimé du public » : c’est en ces termes que Jacques Mayor rend hommage en 1899 à l’homme qui présida aux destinées de l’institution pendant plus de trois décennies. Cette communication se propose de mettre en valeur le rôle de Gosse dans la genèse et le développement de cet ensemble patrimonial emblématique, qu’il n’eut de cesse de préserver, d’enrichir – y compris par maints dons personnels – et de diversifier, permettant ainsi au Musée d’art et d’histoire d’hériter en 1910 de l’une des principales collections d’armes anciennes de Suisse.

Corinne Borel, historienne de l’art, est attachée au domaine Arts appliqués du Musée d’art et d’histoire depuis 1998 et fut rédactrice de la revue Genava de 2008 à 2010. Spécialisée dans les armes anciennes, elle est l’auteur de publications sur le sujet. Dans le cadre du centenaire de la mort de Ferdinand Hodler (1853-1918), elle a réalisé au Musée d’art et d’histoire l’exposition Hodler et le guerrier suisse · De la figure historique à l’icône patriotique et travaille actuellement à un projet de réaménagement de la Salle des Armures.

 

 

Émile Pricam (1844-1919), Portrait d’Hippolyte Jean Gosse, détail, Genève, vers 1890. Photographie, 16,6 x 10,8 cm. BGE, inv. Icon P 1947 363. © Bibliothèque de Genève.

Genève diabolique ? Visions et divisions du monde au prisme de la filiation entre protestantisme et démocratie

Genève diabolique ? Visions et divisions du monde au prisme de la filiation entre protestantisme et démocratie

par Monsieur Marc Aberle
docteur en histoire de l’Université de Neuchâtel,
post-doctorant et chargé de cours à l’Université de Genève

Samedi 16 septembre 2021 à 18 h. 30,

Archives d’État de Genève,
1, rue de l’Hôtel-de-Ville


« Là est la part de Genève dans la formation de l’État moderne. La démocratie y apparaît comme la face politique de la Réforme ».

En 1923, les mots de l’historien Charles Borgeaud, inspirateur et promoteur du Mur des Réformateurs, sonnent comme un hommage appuyé au rôle de Genève et du calvinisme dans l’émergence du monde politique moderne et de nos démocraties libérales.

Près d’un siècle plus tôt, en 1835, alors que les préparatifs du jubilé de la Réforme vont bon train, Jean-François Vuarin profite de l’inauguration de la statue de Rousseau sur l’île éponyme pour souligner un lien similaire, mais chargé négativement : « Dans l’hypothèse du triomphe des monarchies, telles que le temps les as faites, la statue de Rousseau ne s’élèvera-t-elle pas contre Genève comme un terrible accusateur ? »

Dans l’histoire intellectuelle postulant une affinité élective entre le protestantisme et la démocratie, Genève semble captive de cette image ambivalente. Or, comment les auteurs à l’origine de ces représentations en clair-obscur appréhendent-ils le rôle du calvinisme en regard de l’émergence de la modernité politique et religieuse ? Qu’entendent-ils par protestantisme et par démocratie ? Quels motifs pourraient expliquer cette parenté saluée par les uns et diabolisée par les autres ? La conférence reviendra sur ces questionnements ayant jalonné une recherche historique récente et interrogera les représentations de la Genève réformée à l’époque contemporaine et moderne.

Marc Aberle est docteur en histoire de l’Université de Neuchâtel, où il a soutenu une thèse de doctorat intitulée La démocratie du croire. Une histoire régressive de la généalogie politique du protestantisme et des républiques entre Suisse et France (xviiie et xixe – xvie siècle). Après avoir collaboré au projet FNS « Réformation et votations », dirigé par Olivier Christin, il est actuellement post-doctorant et chargé de cours à l’Université de Genève, où il s’occupe de la coordination des Sixièmes Journées suisses d’histoire.

 

Saconay Gabriel de, Généalogie et la fin des Huguenaux, & descouverte du Calvinisme: Où est sommairement descrite l’histoire des troubles excitez en France par lesdits Huguenaux, jusques à present, Lyon, Benoist Rigaud, 1573 (détail).

Un projet d’île industrielle selon l’ingénieur Guillaume Henri Dufour ou les prémisses d’une exploitation rationnelle du potentiel énergétique du Rhône genevois

Un projet d’île industrielle selon l’ingénieur Guillaume Henri Dufour ou les prémisses d’une exploitation rationnelle du potentiel énergétique du Rhône genevois

!! Attention, pour assister à l’évènement, 
réservation obligatoire au 022 327 93 20 ou info@shag-geneve.ch !!

Jeudi 15 octobre 2020
18 h. 30,
Archives d’État

Conférence de Monsieur Bénédict Frommel,
historien

En 1886, l’ensemble des établissements traditionnels – moulins et ateliers industriels – mus par les eaux du Rhône à la hauteur de Genève sont démantelés, mettant ainsi un terme à plus d’un millénaire et demi d’exploitation. Ils sont remplacés par une installation unique et surpuissante, l’Usine des forces motrices de la Coulouvrenière. Ce changement de modèle consacre l’abandon d’une production énergétique dispersée et techniquement empirique au profit d’une gestion de la ressource hydrique centralisée et organisée rationnellement. C’est ainsi que la nouvelle installation, en plus de fournir au secteur industriel l’énergie dont il a besoin pour mouvoir ses machines, assure également l’approvisionnement de la population en eau et la régularisation du niveau du lac Léman.

Dans le processus ayant mené à cette mutation, il apparaît que Guillaume Henri Dufour a joué un rôle plus significatif que supposé jusqu’ici. En effet, en tant qu’ingénieur cantonal, il élabore au printemps 1848 à la demande du Conseil d’État un projet d’île industrielle qui préfigure sur plusieurs points l’Usine des forces motrices réalisée 35 ans plus tard. Qu’on en juge. Implantée dans le lit du Rhône à la hauteur de la Coulouvrenière, l’île développe 385 m de longueur pour une largeur comprise entre 58 et 78 m. Elle est traversée en son centre par un canal forçant le passage des eaux du fleuve à travers quatre turbines horizontales, un type de moteur alors inédit à Genève. Pour donner corps à l’ouvrage, il est prévu d’extraire les matériaux de l’important fossé entourant Saint-Gervais, transformé de la sorte en canal d’évacuation lors des périodes de hautes eaux du lac Léman. Un pont métallique assure la communication avec la Coulouvrenière. Toutefois, à l’été 1848, Dufour recommande l’abandon de son projet. Raison invoquée, un coût de réalisation disproportionné avec les bénéfices escomptés. L’idée d’une gestion plus rationnelle du potentiel énergétique du Rhône n’en continuera pas moins de germer pour aboutir à la révolution technologique apportée par Théodore Turrettini et le Bâtiment des Forces Motrices.

Bénédict Frommel est historien au Service de l’inventaire des monuments d’art et d’histoire (Office du patrimoine et des sites) de l’État de Genève. Il est l’auteur de plusieurs études, expositions et publications sur le patrimoine industriel, hydraulique et rural local. Il a par ailleurs collaboré à la rédaction des quatre premiers volumes genevois de la série Monuments d’art et d’histoire publiée par la Société d’histoire de l’art en Suisse.

© Reconstitution du projet d’île industrielle par G. H. Dufour (1848)
sur la base de la carte Mayer de 1822 (BGE).