de Claude Danielle Barambon.
La République de Genève, minuscule État souverain, ne possède pas de poste propre. Ses relations extérieures, les besoins de son économie, ainsi que l’entretien des liens qui rattachent nombre de ses habitants soit aux membres de leurs familles établis à l’étranger, soit aux réseaux européens lettrés et savants, imposent toutefois la connexion de la ville à une système efficace de circulation de l’écrit.
À partir de 1669, la France puis Berne ouvrent en ville, avec l’accord circonspect des autorités genevoises, des bureaux de leurs postes. Ces institutions étrangères obéissent à leurs gouvernants respectifs, sous la houlette toutefois de directeurs genevois. S’engage une négociation permanente et souvent tendue entre la République et les instances postales et politiques des États concernés. Malgré les différends, malgré les “plaintes continuelles” concernant des tarifs jugés exorbitants, les liaisons postales sont régulières. Cartes, guides et almanachs permettent de prévoir la durée des trajets et le coût des envois. Les usagers cherchent à réduire les frais de port, à se prémunir contre les aléas des incessants conflits armés qui perturbent la communication postale, à gérer le trafic des paiements par lettre de change ou en numéraire, à dissimuler parfois aussi des activités illicites.
L’examen des activités des bureaux des postes genevois, du volume et des coûts des échanges, des modalités de réception et d’expédition du courrier, de la régularité et de la sécurité des envois montre une organisation efficace dont bénéficie l’Europe des Lumières.