Les origines genevoises de l’économie politique de Sismondi

Les origines genevoises de l’économie politique de Sismondi

par Monsieur Pascal Bridel,
professeur honoraire d’économie politique à l’Université de Lausanne

Jeudi 31 octobre 2019 à 18 h. 30 

Archives d’État de Genève, Ancien Arsenal
1, rue de l’Hôtel-de-Ville

 

Dans la foulée de la récente édition des Œuvres économiques complètes de Sismondi (6 volumes, Paris, Economica, 2012-2019), cette communication s’efforce de situer les racines genevoises de l’économie politique sismondienne. Initiée dès la Statistique du département du Léman (1801) et La richesse commerciale (1803), la philosophie politique de Sismondi inaugure la difficile intégration de la théorie économique dans son ambitieuse trilogie « liberté-bonheur-richesse » qu’il poursuivra tout au long de sa carrière.

Surplombée par une vision romantique des relations économiques dans de petites structures politiques (les républiques italiennes du Moyen Âge et sa bien-aimée Ginevra celeste), l’économie politique sismondienne dépasse néanmoins très largement ses origines genevoises pour atteindre, dans sa critique de la chrématistique des économistes anglais, une formulation universelle qui trouve encore aujourd’hui toute son actualité : « La richesse est-elle le but de la société, ou le moyen d’atteindre son but ? » écrit-t-il encore et toujours en 1838.

Quelques réflexions sont également offertes sur l’opposition entre la « liberté des modernes » (ou liberté civile) qu’il construit avec Benjamin Constant et la « liberté illimitée de l’industrie » des économistes anglais. Si la liberté civile est indispensable à la croissance économique, la poursuite exclusive de la richesse utilisant la concurrence de tous contre tous finit par nuire dangereusement à cette liberté des modernes.

Pascal Bridel est professeur honoraire d’économie politique à l’Université de Lausanne, PhD econ University of Cambridge, fondateur du Centre Walras-Pareto, ancien conseiller scientifique à la Banque nationale suisse, éditeur des Œuvres économiques complètes de Sismondi (2012-2018).

Portrait de  Jean-Charles-Leonard Simonde dit de  Sismondi (1773-1842),
économiste  et historien genevois,
© Bibliothèque de  Genève

Écrire la Réformation de Genève François Bonivard, Antoine Froment, Michel Roset : les enjeux de la construction d’une « histoire officielle » genevoise au XVIe siècle

Écrire la Réformation de Genève François Bonivard, Antoine Froment, Michel Roset : les enjeux de la construction d’une « histoire officielle » genevoise au XVIe siècle

par M. Hadrien Dami,
assistant à l’Institut d’histoire de la Réformation,

Jeudi 26 septembre 2019 à 18 h. 30,

Archives d’État de Genève,
Ancien Arsenal,
1, rue de l’Hôtel-de-Ville,

Au milieu du XVIe siècle, peu de temps après l’indépendance de la ville et surtout l’adoption de la Réforme, Genève se dote de son histoire. François Bonivard, Antoine Froment et Michel Roset, sur une commande du Petit Conseil, composent des chroniques qui sont désormais bien connues des historiens genevois. Leurs trois récits s’inscrivent dans un même processus de rédaction d’une histoire « officielle ». Il convient à ce titre de considérer ces textes d’un œil nouveau, en nous interrogeant sur les constructions mémorielles et identitaires qui sont réalisées ainsi que sur la manière dont l’interprétation du passé proche légitime et justifie les événements récents. Une analyse textuelle des chroniques comprises dans un contexte de rédaction commun permet d’en dégager les enjeux ainsi que les visées de leurs auteurs, mais aussi de chercher à comprendre la censure, voire la mise à l’écart subie par Bonivard et Froment par rapport à Michel Roset, dont le récit semble avoir répondu aux attentes du Magistrat.

Hadrien Dami présentera la recherche qu’il a menée dans le cadre de son mémoire de maîtrise en histoire à l’Université de Genève, achevée en 2017. Il a travaillé depuis à l’édition des Registres du Conseil de Genève au temps de Calvin ; il est actuellement assistant à l’Institut d’histoire de la Réformation avec un projet de thèse portant sur la place éditoriale genevoise dans la circulation des idées religieuses et politiques en Europe au XVIIe siècle.

6e livre des Chroniques de Roset,
Archives d’État de Genève

Quel futur pour le passé ? Histoire et mémoire : les ennemis complémentaires

Quel futur pour le passé ? Histoire et mémoire : les ennemis complémentaires

par M. Christophe Rime, historien

Jeudi 6 juin, 18h30

Archives d’État de Genève,
Ancien Arsenal,
1 rue de l’Hôtel de Ville,

2014-2018 – des années de commémorations, des années où l’on s’emploie à fêter des centenaires ; les célébrations du souvenir sont partout, à chaque instant. Cette période du Centenaire de la Grande Guerre, qui promettait d’être hypermémorielle, a consacré l’empire de la mémoire comme rapport principal des sociétés occidentales au passé. Pourtant, le temps de la mémoire n’est pas chose nouvelle. En effet, il tend déjà, depuis les années 1980, à se positionner dans le rapport que les sociétés entretenaient à leur passé. Et plus la mémoire semble s’imposer comme usage social et politique du passé dans le présent, plus la science historique apparaît comme déstabilisée. Le passé est-il encore la garantie de l’avenir ou le mémorialisme joue-t-il dorénavant ce rôle dans le présent ? En quoi l’hypermnésie actuelle serait-elle devenue un piège à histoire ? C’est cette problématique que nous allons discuter au travers d’exemples tels que les commémorations, les lieux de mémoire, les tribunaux de la mémoire et quelques discours politiques synonymes de devoir de mémoire, le tout dans un cadre tracé par l’histoire du temps présent en France.

Christophe Rime est docteur ès Histoire et Civilisations à l’EHESS de Paris. Enseignant d’histoire au Collège de Genève jusqu’en 2017, il siège au comité des Rencontres Internationales de Genève et a contribué, en tant que Secrétaire général, à l’aventure du Roman des Romands. Il publie régulièrement dans le mensuel Scènes Magazine consacré aux scènes culturelles diverses et se prépare actuellement à publier sa thèse intitulée « Quel futur pour le passé ? Mémoire contemporaine : le retour aux temps mythiques », défendue en janvier 2018 et dirigée par les historiens François Hartog et Stéphane Audoin-Rouzeau.

 

Quoi de neuf sur Gustave Revilliod, mécène genevois?

Quoi de neuf sur Gustave Revilliod, mécène genevois?

par Mmes Isabelle Naef Galuba et Barbara Roth,

respectivement directrice du Musée Ariana et conservatrice honoraire de la Bibliothèque de Genève,

Jeudi 11 avril 2019 à 18 h. 30
Archives d’État de Genève,
1, rue de l’Hôtel-de-Ville

Attention:  la conférence sera précédée par l’assemblée générale de notre société.

Gustave Revilliod (1817-1890) est connu comme le mécène qui a offert à la Ville de Genève le Musée Ariana avec les collections qu’il contenait, ainsi que son immense domaine de Varembé sur lequel a été construit le Palais des Nations.

Tirant prétexte du bicentenaire de sa naissance, la direction actuelle de l’Ariana a lancé une grande recherche à laquelle ont participé plusieurs historiens, conservateurs de musée et archivistes, pour renouveler les connaissances sur Revilliod, pour exploiter les riches sources documentaires que conservent les institutions genevoises et pour jeter un regard d’aujourd’hui sur le mécène, le contexte dans lequel il a évolué et les collections qu’il a constituées. Les recherches ont donné lieu à une importante publication, à une exposition, et se prolongeront sous d’autres formes encore.

L’exposé de Mmes Naef Galuba et Roth rappellera les grands jalons de la vie et de l’œuvre de Gustave Revilliod, qui fut d’ailleurs président de la Société d’histoire et d’archéologie, et fera le point sur les recherches effectuées et les nouvelles connaissances acquises.

Isabelle Naef Galuba, historienne de l’art, directrice du Musée Ariana, est à l’origine du grand projet Gustave Revilliod. Barbara Roth-Lochner, historienne, archiviste, conservatrice honoraire de la Bibliothèque de Genève, a fait partie du comité scientifique.

Jadis, les Délices

Jadis, les Délices

par François Jacob,
maître de conférences à l’Université de Franche-Comté,
ancien conservateur de l’Institut et Musée Voltaire,

Jeudi 14 mars 2019 à 18 h. 30,

Archives d’État de Genève, Ancien Arsenal,
1, rue de l’Hôtel-de-Ville.

C’est le 2 octobre 1954 qu’est officiellement fondé, à Genève, l’Institut et Musée Voltaire. Theodore Besterman, milliardaire britannique bien connu pour son engagement « voltairiste », y développe un important réseau de publications sur Voltaire et sur le dix-huitième siècle ainsi qu’une bibliothèque aujourd’hui reconnue comme l’une des plus importantes au monde, s’agissant du patrimoine écrit des Lumières.

Soixante ans d’activité ont permis, jusqu’à une date récente, de faire vivre l’ancienne demeure de Voltaire dans l’esprit qui fut celui des fondateurs de l’Institut : exigence scientifique, ouverture à un large public, développement d’une conscience patrimoniale. Or c’est ce dernier point qui mérite d’être interrogé aujourd’hui : il semble en effet que Genève ait des difficultés à définir ce qui, pour elle, relève exactement du patrimoine. Voltaire et, dans une moindre mesure, Jean-Jacques Rousseau font hélas les frais de cette valse hésitation.

François Jacob, auteur de plusieurs ouvrages sur le dix-huitième siècle et conservateur de l’Institut et Musée Voltaire de 2002 à 2016, s’est intéressé à l’évolution de la notion de « patrimoine » en France et en Suisse romande après la Seconde Guerre mondiale. Deux ouvrages sont nés de cette recherche : Jadis les Délices (éd. La Ligne d’Ombre, collection « Mémoires et Documents sur Voltaire », 2018) et Voltaire après la nuit : post tenebras lux. Paris, Moscou, Genève (à paraître).

Pour en savoir plus, interview de François Jacob (émission du lundi 18 février, RTS la première)

© BGE, Institut et Musée Voltaire

 

« Les élections que fait le peuple », République de Genève, vers 1680 – 1707

« Les élections que fait le peuple », République de Genève,
vers 1680 – 1707

par le professeur Raphaël Barat,

Jeudi 28 février 2019 à 18 h. 30,

Archives d’État de Genève, Ancien Arsenal,
1, rue de l’Hôtel-de-Ville.

Au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, alors que des régimes patriciens ont triomphé dans la plupart des républiques européennes, la République de Genève reste une démocratie de jure, où la souveraineté réside dans la bourgeoisie assemblée en Conseil général. Néanmoins, la seule survivance de cette souveraineté théorique réside dans des élections que l’historiographie a souvent réduites à des simulacres, la République étant aristocratique de facto. Comment comprendre alors ce qui se passe quand il ne se passe rien, et raconter l’histoire de ces élections « que fait le peuple » ?

Il s’agira d’abord de mettre à jour les ressorts de la domination aristocratique dans ces élections populaires, de la théorie politique à l’organisation même de l’espace de vote le jour de l’élection, en passant par l’analyse des carrières politiques des magistrats. Mais nous verrons aussi que des grains de sable se glissent parfois dans les rouages, que les électeurs se départissent dans certaines circonstances de leur déférence habituelle, et que des tensions apparaissent quand ces derniers ne sont plus sûrs de pouvoir honorer le serment qu’on leur fait prêter d’élire « ceux qui sont idoines ». Le cas de la République de Genève permet ainsi de mieux comprendre les enjeux et les pratiques du vote d’Ancien Régime, nouveau terrain d’enquête pour les historiens de la période moderne.

Raphaël Barat, docteur en histoire (Lyon 2, 2013) est professeur agrégé d’histoire et chercheur associé au LARHRA-UMR 5190. Ses recherches portent sur l’histoire des pratiques électorales, de la politique populaire et du républicanisme sous l’Ancien-Régime, à travers le cas de la République de Genève au tournant des XVIIe-XVIIIe siècles. Il a publié en février 2018 aux éditions Droz un ouvrage intitulé « Les élections que fait le peuple » (République de Genève, vers 1680-1707), et a co-dirigé un ouvrage collectif à paraître en novembre 2018 aux éditions du CNRS : Histoire(s) d’élection(s). Représentations et usages du vote de l’Antiquité à nos jours.

Projet de médaille sur les « mouvements populaires » de 1707 (AEG, R.C. 207, p. 562).